Avec le passage automatique de la première à la deuxième secondaire, il arrive parfois (souvent…) que les élèves embarquent avec eux leurs lacunes dans l’année supérieure, sans que celles-ci soient clairement identifiées.
Comment s’assurer, en tant qu’enseignant au premier degré, que l’élève et les enseignants qui l’accueilleront en 2ème année aient connaissance des points de matière nécessitant une remédiation ou un accompagnement personnalisé ? Le tout, sans surcharger le ou la prof en fin de 1ère année ?
Une piste à explorer : l’évaluation diagnostique par bulletin de compétences.
Dans mon école, nous sommes cinq professeurs de français au premier degré du secondaire. Même si nous avons chacune notre approche pédagogique, nous avons pris le temps de mettre en place une vision commune et claire des savoirs, savoir-faire et compétences à travailler ainsi que leur répartition sur les deux ans. Ainsi, l’attendu en fin de 1ère année est équivalent pour tous les élèves.
Dès la planification de l’année de cours, il peut être intéressant de cibler les compétences que l’on estime prioritaires. Prioritaire ne veut pas dire complexe , attention ! Cela peut aussi être une compétence très spécifique, comme identifier le temps d’un verbe, etc.
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Afin de les déterminer, on peut se baser bien sûr sur les programmes officiels, qui sont les plus explicites, mais on peut aussi jeter un œil du côté des manuels agréés, leur table des matières permettant bien souvent d’avoir un aperçu transversal des compétences qu’ils abordent. Il peut être aussi intéressant de viser, à rebours, les prérequis nécessaires pour aborder l’année suivante.
Pour mon premier chapitre de cours en 1ère année, je priorise :
Je sais déjà que ces savoir-faire feront l’objet d’un ou plusieurs items dans mon évaluation de fin d’année.
Voici ma planification annuelle, basée sur le manuel Point Virgule 1 (nouvelle version) (éd. Plantyn) :
Lorsque j’ai débuté, il y avait encore une session d’examen dans chaque classe, en décembre et en juin… La préparation des épreuves me demandait énormément de temps.
Il fallait toujours travailler les mêmes axes (lire, écrire, écouter, parler), prévoir des épreuves “doublures” pour les absents ou les secondes sessions… Le tout de manière progressive, avec des supports variés qui rencontraient mes critères tout en étant adaptés au niveau des élèves… un vrai casse-tête !
Heureusement, j’ai eu la chance de rencontrer, lors de mes premières années, des collègues aguerris et bienveillants qui m’ont partagé “la” clé USB miraculeuse avec toutes leurs ressources, cours, synthèses, évaluations, épreuves externes antérieures ou documents reçus en formation, etc.
Toutes ces pérégrinations m’ont permis de constituer un corpus de questionnaires assez hétéroclites, mais… toujours sur des points.
Et plus tellement en phase avec la manière dont ma classe fonctionne en 1ère et 2ème année, où l’évaluation est présentée comme une information, image de l’apprentissage à un instant T, et non plus comme une sanction.
C’est là que survient ma révolution : arrêter de mettre des points à chaque questionnaire !
Concrètement, pour mettre sur pied le questionnaire qui servira à diagnostiquer l’acquisition des apprentissages à la fin de la 1ère année, je reprends ma liste de compétences et savoir-faire prioritaire établie en début d’année, et je lie chacun à une question ou un exercice du bilan.
Cette construction peut aussi être effectuée en sens inverse : on part des ressources que l’on souhaite exploiter, ou de la production attendue, et on formule ou adapte les questions et consignes en lien avec nos priorités. Cela permet d’éviter de faire, défaire et refaire chaque année…
Cela permet aussi d’être sûr que l’on cible tous les apprentissages dont l’acquisition est essentielle, pour que l’élève continue à progresser l’année suivante.
La compréhension d’un texte narratif
Pendant l’année, j’ai travaillé cet axe de compétence (la lecture globale) en ciblant certains savoir-faire :
En construisant mon épreuve diagnostique, j’ai apparié chacun de ces objectifs spécifiques à un des items de mon questionnaire de lecture.
Une fois l’épreuve en tant que telle mise sur papier, avec ses documents et ses questionnaires, il est temps de l’assortir d’une grille d’évaluation exhaustive et claire, aussi bien pour l’enseignant qui corrige que pour l’élève qui la reçoit.
Vous vous doutez bien qu’elle n’est pas parfaite du premier coup… La mienne est affinée chaque année en fonction des retours des élèves et collègues. Il faut privilégier une mise en page claire et immédiatement compréhensible, en évitant les fioritures.
Pour ma part, il s’agit d’un enchaînement de tableaux (un pour chaque axe de compétence : lecture globale, lecture sélective, compréhension à l’audition, rédaction, maîtrise des outils langagiers), divisés en trois colonnes : le savoir-faire visé, le numéro de(s) question(s) s’y rapportant, l’appréciation (tu sais le faire: oui, presque, pas encore).
Je prévois également un espace pour les commentaires éventuels.
Sur le papier, toute l’épreuve est ficelée et prête à être partagée. Aux collègues d’abord… certains sont preneurs tout de suite, d’autres freinent des quatre fers… et c’est normal ! Chacun a son approche, et vouloir conserver les points comme indicateur principal est tout à fait ok, surtout si c’est le marqueur utilisé tout au long de l’année.
Ensuite, aux élèves. Je leur distribue une copie de leur version de la grille pendant les révisions, d’une part pour leur expliquer ma démarche, et d’autre part pour leur fournir une liste des points de matière à réviser.
Évidemment, lorsque je termine mon explication, il y en a toujours un pour lever la main et…
“Et donc, il est sur combien, l’examen ?”.
Patience et longueur de temps, n’est-ce pas…
Enfin, last but not least… les parents ! Une fois l’épreuve passée, je glisse une copie de la grille d’évaluation complétée et commentée dans le bulletin de chaque élève. Comme je suis une petite veinarde, je suis titulaire de la classe de 1ère à qui je donne cours.
C’est donc moi qui leur remets leur bulletin en fin d’année. Ainsi, je peux expliquer de vive voix aux parents ce que leur enfant doit retenir de ce feedback et les rassurer quant à l’absence de points.
Il peut être utile de prévoir deux grilles de compétences :
Si l’enseignant de 2ème année est preneur, que ce soit pour le cours principal ou les éventuelles séances de remédiation en début d’année, on peut également lui fournir les bulletins de compétences de chaque élève.
On peut aussi pousser le vice jusqu’à réaliser des travaux de vacances individualisés en fonction des items pointés par la grille… Mais je vous avoue que je n’en suis pas encore là !
Bref, même si cela demande une préparation conséquente en amont, une évaluation plus explicite qu’une note chiffrée est tout à fait possible, sans que la correction de l’épreuve ne devienne un casse-tête. Trois essentiels : une bonne planification, un questionnaire cohérent et une grille claire !
Coline Chapelle, professeure de français depuis 2010
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