5 conseils pour intégrer le PÉCA à sa pédagogie

Le Parcours d’éducation culturelle et artistique (PÉCA) est un des dispositifs permettant la mise en place de la réforme systémique entreprise par le Pacte pour un enseignement d’excellence. 

L’objectif principal est de réduire les inégalités sociales, en permettant à tous les élèves d’accéder à l’art et à la culture. Institutionnalisé et concrétisé, il s’adresse à tous les élèves, de la maternelle à la fin du secondaire et concerne l’ensemble de l’équipe pédagogique. 

Le PÉCA repose sur trois piliers : connaître, pratiquer, et rencontrer

Il vise aussi à développer l’esprit critique et à ouvrir les jeunes au monde. Cependant, sa mise en œuvre en classe peut sembler ardue et abstraite pour de nombreux profs, confrontés à des contraintes de temps et de programme, qui estiment ne pas avoir été suffisamment formés.

Comment concilier les exigences de standardisation et la pression sur les résultats, avec la nécessité de développer la créativité et l’autonomie des élèves… en intégrant l’éducation artistique et culturelle dans des programmes déjà chargés ?

Voici 5 pistes pour t'aider à t'emparer de ce parcours indispensable !

"Prof de profs", je suis amenée à accompagner les étudiants en enseignement dans les réformes du Pacte. Je suis donc sur le terrain par procuration... Cette année scolaire, j’ai suivi le TFE d’une future enseignante en sciences humaines autour du PECA. 

Une première difficulté rencontrée a été de savoir si les activités d’apprentissage proposées s'inscrivaient réellement dans une démarche PÉCA. Il a donc fallu commencer par découvrir et différencier les spécificités de l’ÉCA et du PÉCA.

Elle appartient à un domaine d’apprentissage spécifique, comme le français ou les maths. Elle est donc un cours à part entière et est intégrée au tronc commun, de la maternelle à la 3ème secondaire. 

Elle offre une base commune à tous les élèves, définie par un référentiel de compétences, avec des heures prévues dans l'horaire scolaire : 4 périodes hebdomadaires pour le préscolaire et 2 périodes en primaire et secondaire inférieur.

Il intègre l’ÉCA... mais ne s’y limite pas. En effet, il reprend l'ensemble de toutes les expériences culturelles et artistiques qu'un élève vit tout au long de sa scolarité obligatoire au sein d’autres cours. 

Chaque PÉCA est donc unique à chaque élève, dépendant de ses expériences, des expressions culturelles rencontrées, et des matières travaillées.  

L’ÉCA et le PÉCA sont des éléments-clés du tronc commun, car ils ont pour objectif de favoriser et de généraliser le droit de l’accès à la culture et à l’art pour tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Souvent, en début d’année, dans la perspective de développer l’identité professionnelle enseignante, je propose à mes étudiants un projet autour de l’autoportrait… mais pas au sens classique. Je leur demande d’explorer leur identité à travers une œuvre classique libre : dessin, musique, danse, collage. 

Moi-même je relève le défi, en créant dans un blason un collage à partir d’images où résonnent mes souvenirs d’enfance, mes goûts artistiques, mes valeurs. Je l’ai partagé en classe. Ce moment d’authenticité a déclenché une “vague relationnelle” et de la bienveillance. 

Les élèves comprennent que la créativité ne naît pas du talent pur, mais du lien avec ce qui nous touche profondément. Je suis loin de pouvoir créer une œuvre d’art, mais j’ai conscience de ma culture, de mes goûts, de mes intérêts artistiques !

Il est souvent affirmé qu’on enseigne bien que ce que l’on connaît bien. Si connaître renvoie souvent aux aspects cognitifs, la dimension empirique du plaisir esthétique ressort également de la connaissance. 

Tes intérêts personnels et ton envie sont de puissants moteurs 

Ta « vibration esthétique » pour un art ou une œuvre particulière rendra ton enseignement plus concret et plus vivant. En effet, le PÉCA offre une autre façon de s'exprimer en tant que personne enseignante, en ouvrant les portes de la réflexion et de la créativité.

C’est au travers du travail d’une étudiante en sciences humaines que j’ai été amenée à superviser la mise en place d’un dispositif PÉCA pour une classe de deuxième de l’enseignement professionnel. Malheureusement, les activités mises en place ne couvraient que 2 piliers du PECA : connaître et pratiquer. 

L'un des principaux freins perçus par les enseignants est le manque de formation spécifique et de temps à y consacrer… Cependant, le PÉCA est à la fois transversal (transversant différentes matières), pluridisciplinaire (impliquant plusieurs disciplines) et interdisciplinaire (établissant des liens entre disciplines). Il s'articule facilement aux différents cours, puisqu’il vise à relier les apprentissages à leur dimension culturelle et artistique.

Pas besoin donc d'être un·e expert·e artistique pour commencer ! Ton expérience professionnelle, tes intérêts personnels et ta confiance peuvent être des leviers suffisants pour démarrer.

Au départ de sa planification, mon étudiante hésitait à intégrer dans son cours sur les châteaux-forts au Moyen-Âge une activité artistique autour de la tapisserie. Elle craignait que ses superviseurs et les élèves n’y voient qu’une pause récréative, sans véritable valeur disciplinaire. 

Nous l’avons déjà mis en évidence : le PÉCA est à la fois transversal et interdisciplinaire. L'éducation artistique et culturelle ne doit plus se limiter aux cours artistiques spécifiques. Ces cours ne sont pas des cours mineurs ! L'intégration des arts dans d'autres matières peut enrichir véritablement la compréhension des contenus académiques.

En intégrant dans sa séquence son activité autour de la réalisation d’un fac similé de tapisserie, mon étudiante a d’abord réfléchi avec sa classe au contenu de ce qui devait être illustré. 

Elle a ainsi mis en évidence les représentations sociales, symboliques et religieuses de la société médiévale. L’outil artistique est alors devenu un levier puissant d’approfondissement et de compréhension historique.

C’est un projet un peu fou qui a germé dans notre section sciences humaines à la HEH de Tournai : faire vivre à des élèves de troisième générale d’une école d’enseignement secondaire un voyage culturel à Venise, encadré par les futurs enseignants eux-mêmes. Au départ, tout semblait trop compliqué - autorisations, financement, équilibre entre objectifs pédagogiques et organisation… 

Mais en travaillant main dans la main avec les directions, les professeurs référents et les partenaires culturels, le projet a pris forme. Sur place, les élèves ont exploré la lagune, l’architecture particulière des palais vénitiens, l’organisation de l’espace urbain, les œuvres de Canaletto. 

C’était pour eux un souvenir à la fois sensible et intellectuel. Pour les futurs enseignants, ce fut une expérience très formatrice. Pour nous, professeurs en Haute École, cela a été l’occasion d’une première ouverture au PÉCA. 

Parle de tes projets PÉCA à ta direction et à tes collègues

Le manque de temps, les exigences du programme, le coût des activités ou le manque de matériel sont des obstacles récurrents. Pour mettre en place des expériences PÉCA, le soutien de la direction et la collaboration entre collègues sont des adjuvants importants (cf. les plans de pilotage). 

Cherche des alliés au sein de l'équipe pédagogique ou parmi les professeurs d'éducation artistique. Contacte les référents culturels et les opérateurs culturels de ta région pour explorer les possibilités de partenariat.

Le PÉCA est un défi, mais aussi une formidable opportunité d'enrichir ton enseignement et de contribuer au développement global de tes élèves !

Eve Castel, maître-assistante en psychopédagogie depuis 1998 à la HEH – Tournai