Fin d’année... Cette période où tout semble s’accélérer, où les journées s’étirent sans fin, où les "il faut" et les "tu dois" résonnent plus fort que nos propres pensées.
Les parents s’inquiètent — parfois s’agitent —, les élèves lâchent prise à la vitesse d’un battement de cils. Et nous, au milieu, on jongle. Avec les programmes à clôturer, les évaluations à corriger, la charge émotionnelle de nos élèves, de nos collègues et la nôtre.
Et malgré ça, on tient debout. Parce que c’est ce que nous savons faire. Parce qu’on est des pros, et qu’on a cette drôle d’énergie qui, même en fin de course, continue d’allumer des petites lumières dans la classe.
Mais tenir debout, ça ne veut pas dire serrer les dents. Alors voici quelques pistes concrètes, nourries d'expériences et de rencontres, pour aider à traverser ce sprint final, sans y laisser toutes nos plumes.
J’ai mis longtemps à comprendre que mes matins contenaient déjà toutes les réponses. Quand je me lève et que mon moral est “en apnée” avant même 8 heures, c’est que quelque chose cloche. Avant, je balayais ça d’un “allez, ça ira mieux une fois que t’y seras”. Mais non.
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Le stress s’installe souvent bien avant qu’on en prenne conscience. Le corps, lui, ne ment jamais : fatigue persistante, tensions musculaires, irritabilité... Ces signaux sont autant d’alertes qu’il serait dommage d’ignorer.
Chaque matin, se poser trois questions simples :
Si deux réponses ou plus sont des "oui", je prends ça comme un signal. Je ralentis là où je peux, j’accepte de ne pas être une machine.
Alors je m’appuie sur un collègue, comme un miroir bienveillant. Parce que parfois, ce sont les autres qui voient ce que je ne perçois plus : ma voix qui s’accélère, mes gestes qui se crispent, mon regard qui s’éteint.
Laisser un·e collègue me servir de miroir, c’est créer un espace de confiance, où l’on se donne mutuellement la permission de dire : "Tu ne serais pas en train de tirer un peu trop sur la corde, là ?"
On sous-estime la justesse de ce que les autres perçoivent de nous — surtout quand la fatigue brouille notre propre radar.
Pose-toi ces 3 questions avant même d’entrer dans la salle de classe. Et si deux "oui" apparaissent, autorise-toi à ralentir un peu — ou à te tourner vers un collègue miroir :
Et si tu testais ce réflexe d’auto-évaluation, mais à rebours, pour la toute première fois :
Voici ce que m'a un jour glissé une collègue :
"Je me revois encore boire à toute vitesse en corrigeant des copies ou en répondant à un mail. Comme si s’hydrater n’était acceptable que si c’était “rentabilisé". Un jour, je me suis forcée à boire un verre d’eau… sans rien faire d’autre. Juste ça."
Notre concentration a besoin d’îlots de repos pour tenir la distance. Le cerveau s’épuise plus vite qu’on ne le croit si on ne lui offre aucune respiration…
Et si je ne trouve pas le temps ?
Greffer ces respirations sur un moment inévitable (fin de récré, avant une correction, après une réunion). Le secret n’est pas dans la durée, mais dans la régularité.
Et si tu testais, juste une fois, ce que ça change de t’arrêter vraiment ?
“Ma fille dit qu’elle ne comprend rien à vos devoirs. Pouvez-vous nous faire un récapitulatif pour demain matin ?”
Sur le moment, j’ai commencé à taper une réponse. Et puis je me suis arrêtée. J’ai réalisé que si je répondais maintenant, je donnais le signal que c’était acceptable.
Dire "non" ou "pas maintenant" est une compétence, pas une impolitesse. Prépare une réponse type, simple et respectueuse, que l’on peut utiliser sans culpabilité :
"Merci pour votre message. En cette période, je prends soin de répondre dans un délai raisonnable. Je vous reviens d’ici deux jours."
Et si je n’ose pas ?
En parler en équipe. Rien de tel qu’une ligne commune pour alléger la pression individuelle. Un cadre partagé est un bouclier discret mais redoutablement efficace.
Et si tu testais, une fois, ce que ça change de ne pas répondre tout de suite ?
Je suis de celles qui préparent des séances avec trois plans B, des fiches plastifiées et des post-its de couleurs. Mais il y a eu une période où tout s’est effondré autour : manque de temps, fatigue, imprévus.
J’ai dû faire avec les moyens du bord. Et tu sais quoi ? Mes élèves ont continué à apprendre, à rire, à progresser.
J’ai compris que le “parfait” n’était ni tenable, ni nécessaire. Alors j’ai décidé de ranger mon perfectionnisme dans un tiroir, et de célébrer chaque jour ce qui a juste fonctionné. Même un peu. Chercher à faire "parfait" dans une période imparfaite, c’est courir vers l’épuisement.
Chaque soir, je note une seule réussite. Petite ou grande, peu importe. Juste une trace concrète de "j’ai fait quelque chose de bien, aujourd’hui".
Et si je ne trouve rien ?
Demande à un collègue, ou mieux encore : à un élève. Leur regard est souvent bien plus doux et encourageant que le nôtre !
Et si tu testais ce que ça change de s'ancrer dans “ce qui a marché” ?
Un jour, entre deux réunions, une collègue lance :
“Allez, une galère, une victoire, une idée, chacun son tour !”
On rit, on partage, on se reconnaît dans les maladresses des autres, on s’inspire aussi. C’était improvisé, ça a duré dix minutes. Mais je suis sortie de là plus légère.
Depuis, on essaie de le refaire régulièrement. C’est devenu un petit rituel. Rien d’officiel, mais un vrai souffle collectif. Et dans un métier parfois solitaire, ça fait toute la différence.
Le collectif, même informel, est une armure douce mais puissante. Proposer un rituel simple : 10 minutes, en salle des profs, debout ou assis. Un tour de table : une galère, une victoire, une idée. On partage, on dédramatise, on rigole (parfois).
Et si personne n’est dispo ?
Écrire pour soi, même deux lignes. Se relire plus tard, c’est souvent se surprendre en mieux.
Et si tu lançais un petit souffle collectif, même discret ?
Je traversais une période de grand flou : tout me semblait mécanique, vidé de sens. Un jour, sans trop réfléchir, j’ai demandé à une collègue :
“Et toi, pourquoi t’as choisi ce métier ?”
Sa réponse m’a émue. Alors j’ai continué : j’ai posé cette question à d’autres, à mes élèves même. Leurs réponses m’ont reconnectée à ce qui comptait. Pas les programmes, pas les réunions. Mais les liens, les petits pas, les regards qui disent “merci”. Depuis, je me repose souvent cette question, comme on revient à la source.
Quand la mécanique fatigue, c’est ce "pourquoi" qui nous fait avancer. Installe une petite boîte, un pot, un coin de carnet. Déposes-y chaque jour une phrase positive, un sourire d’élève, une tâche accomplie.
Et si je ne trouve rien ?
Demande autour de toi : "Qu’est-ce que tu retiens de beau de ta journée ?" Le simple fait d’écouter la réponse ranime souvent une étincelle en soi.
Et si tu faisais un pas vers ton "pourquoi" ?
La fin d’année est un marathon, pas un sprint. Et dans ce métier, tenir debout est déjà une force, une victoire, une compétence. Pas besoin d’héroïsme, juste de lucidité, d’entraide et d’un peu d'auto compassion.
Alors on tient, ensemble, et on avance. Parce que c’est ce que font les enseignants. Parce que malgré la fatigue, malgré la pression, on reste debout. Et c’est là toute notre force.
Anne-Lise Gonçalves, enseignante pendant 15 ans, formatrice indépendante depuis 8 ans
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Bonjour, Merci pour votre article, je l'ai lu et il me sera vraiment utile pour arriver au bout de cette année scolaire. Mentore et enseignante, vos outils,faciles d'utilisation et non contraignants, seront une source d'inspiration pour finaliser cette période compliquée . Merci, Bien à vous, Sandrine, Enseignante depuis 24 ans, dans le secondaire, un peu de tout et un peu partout dans le monde.