"Mais madame, je vous promets : j’avais étudié !"
As-tu déjà tenté de percer ce qui se cache derrière cette notion d'étude avec les élèves ? Essaie et tu seras surpris ou surprise souvent perplexe…
Essayons de mieux cerner ce concept au regard des sciences cognitives et de la neuroéducation et proposons des pistes concrètes pour nous aider à mieux les faire étudier.
Lors de mes entretiens PIA avec les élèves en difficulté, la question de l’étude est souvent abordée. Et hélas, la réponse est souvent la même :
“J’ouvre mon cours et je relis."
Je m’amuse à leur dire que si c’était la bonne recette, ce serait super pour les élèves, mais aussi pour nous les profs. Une fois l’information relue, elle serait enregistrée. Le pied ! Hélas, c’est un peu plus compliqué…
Et si on leur expliquait comment fonctionne ce super outil qu’est le cerveau ? Au sein de mon école, ça prend la forme de modules en début de première année. Je vous conseille deux outils pour ça :
J’explique aux élèves comment fonctionne leur cerveau. J’appuie sur le fait que l’oubli est normal et qu’il nous faut trouver des stratégies pour le contrer : c'est la consolidation. Je précise aussi que nous n’avons pas qu’une mémoire, mais bien des mémoires et que chacune d’entre elles fonctionne différemment, en fonction du type de connaissances à acquérir, de l’objectif et du temps de rétention de l’information.
Je déconstruis cette idée que relire, c’est étudier, en leur expliquant l’illusion du savoir. Je définis le concept d’étudier, c’est-à-dire mettre en mémoire sur du long terme, pour que l’information existe d’elle-même en tout lieu et en tout temps, sans support de rappel. Pour y arriver, cela prend du temps, mais c’est indispensable.
En effet, disposer d'un grand stock de connaissances et d’automatismes permet de libérer des ressources cognitives en mémoire de travail. Ainsi, on ne sature pas rapidement, et ceci nous aide à mieux effectuer des tâches complexes.
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Réunion de parents, entretien avec le papa de Sarah, qui galère un peu en maths à cette période :
"De toute façon, on est bien au clair : ma fille, c’est une littéraire. Moi, j’avais la bosse des maths. Mais c’est comme sa mère, elle, pas du tout."
Je souris à son père et à Sarah. Comment lui redonner confiance ? Comment sortir de ces clichés ? Je décide de ne pas aborder cette question avec lui, mais avec elle le lendemain.
"Tu te souviens de ce qu’on a vu l’année dernière sur le cerveau et sa capacité extraordinaire ? Rien n’est figé. Avec de l’engagement et du travail en maths, ça ira."
Elle s’est mise au boulot et a progressé. Fin juin : réussite de l’examen. Ouf !
Ces croyances peuvent nous porter préjudice. Il est indispensable de faire preuve d’ouverture d’esprit et de rigueur intellectuelle pour bien connaître ce cerveau avec lequel au quotidien nous travaillons.
Il faut donc se départir de ses préconceptions et s’informer sur le fonctionnement du cerveau, incroyable organe au potentiel impressionnant. Nous apprenons tout le temps, sans cesse et quand nous voulons quelque chose nous mettons en place les stratégies nécessaires pour y arriver. Nous serions capables de cela, et pas nos élèves ?
Si on cultive notre esprit de croissance personnel, il en est de même pour les élèves : aidons-les à cultiver cet esprit de croissance.
Excursion. En février, je suis partie avec mon collègue d’histoire au musée de la médecine de Bruxelles. Les élèves ont passé une évaluation dispensatoire à son cours en début de semaine et il leur remet leurs points.
Certains visages s’illuminent : bingo, c’est géré ! Et entre eux j’attends parler de "parkeur". Parkeur ? C’est quoi ça ?
"Madame, c’est une application trop bien. Ça fait nos synthèses et ça nous pose des questions dessus."
Ils me montrent, je suis amusée : l’application est fluide, colorée et eux n’ont pas l’impression de bosser. Tout benef’. La mémorisation active en se testant est celle qui présente le plus de bénéfices sur la mémorisation, et certaines applications numériques sont construites sur ce principe en y ajoutant une dimension ludique.
… Et ce sont deux éléments importants pour apprendre efficacement. Il permet aussi de faire baisser des facteurs réduisant nos capacités à apprendre, comme le stress ou l’anxiété.
Cerise sur le gâteau, au-delà de l’acquisition de savoirs ou compétences disciplinaires, il permet le développement de compétences transversales, comme le contrôle de soi ou le travail de l’attention sélective. Et ne parlons pas de notre perception du temps lorsqu’on s’amuse !
L'application va aussi permettre un suivi du progrès des élèves, avec un temps asynchrone et individuel, et parfois des feedbacks. Et une fois que l’application est prête, elle l’est pour des années !
On freine souvent à implémenter du numérique dans nos cours, mais les élèves vont devoir s’y préparer et l’utiliser avec esprit critique et sérieux dès qu’ils seront sortis de l’école secondaire. Autant les y aider.
"On note : pour le 17/02, au journal de classe, évaluation sur les P2."
Panique à bord !
"Pour combien de points ? Ouais mais moi, de toute façon je suis morte, je comprends jamais rien."
STOP on respire ! J’ajoute une petite note : théorie + pratique, cf. feuille. La pression retombe, c’est déjà plus clair… pour moi et pour eux !
Au final, pour moi, évaluer c’est quoi ? Mettre des points, comme ils le pensent ? Ou mieux cerner l’état de leurs connaissances et savoir-faire ? Et pour cette évaluation-là précisément : rappel libre, rappel indicé ou reconnaissance ?
Il y aura donc un temps pour me préparer à la rédaction de cette évaluation, en définissant mes attendus et le type de questions. Il ne peut y avoir de hasard en termes d’évaluation. C'est presque une horlogerie fine, qui doit me permettre de cerner à l'engrenage près ce qui est OK ou pas.
Une fois cela clairement défini de mon côté, je vais pouvoir les préparer à cette évaluation, à ces enjeux et à ce type de questions. Plus les attendus seront bien définis de part et d’autre, moins le risque d’étudier à côté est grand.
Il existe différents types de rappels pour obtenir une réponse :
Il est évident que nous ne pourrons jamais étudier à leur place, mais nous pouvons clairement les y aider !
Hélène Dagnelie, professeure de latin dans le secondaire inférieur depuis 2008, coordinatrice pédagogique depuis 2020, responsable projet Cogit’action au sein de mon établissement scolaire
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