Différencier, c’est dans la nature même de l’enseignement : nous sommes tous et toutes conscients que, face à nous, chaque élève, chaque classe, chaque année sont différents.
Prenons l’exemple du premier cours de natation. La prof d’EPS va différencier :
Mais face à des classes de plus en plus hétérogènes, on peut se sentir bien seul et démuni pour amener chaque élève à atteindre son objectif…. Voici quelques clés pour relever ce grand défi sans laisser les élèves boire la tasse !
Si l’on s’en tient aux prescrits, différencier, c’est adapter son enseignement (méthodes, rythmes, contenus et évaluations) afin d’amener tous les élèves à l’objectif d’apprentissage visé.
Sauf que, dans la vie d’une classe, cette différenciation prend souvent des allures d’improvisation au cas par cas…
Cela va du Schtroumpf n°1 qui doit être au premier banc, car il n’a pas reçu sa nouvelle paire de lunettes, au Schtroumpf n°23 qui écrit très, très lentement, en passant par la Schtroumpfette n°14 qui préfère réaliser des cartes mentales sur son iPad plutôt que de prendre note des synthèses.
Eh bien oui, sur une classe de 25 élèves, il y a … 25 différenciations !
Pourquoi ? Parce que, comme l’a postulé Burns :
Passer une heure de cours complète à expliquer, pour la 4ème fois, la différence entre une enchâssée relative et une enchâssée circonstancielle… Réaliser une carte mentale du feu de dieu au tableau, le genre de synthèse qu’on voudrait encadrer tellement on en est fier… Pour s’apercevoir, le plus souvent à l’évaluation (formative, encore heureux) que… Non, trop d’élèves n’ont pas encore fait tilt.
Ça vous parle ? Et si on essayait un autre canal de communication, pour commencer ?
Pour transmettre les notions clés d’un parcours, il faut bien passer par la case théorie, avec un accueil plus ou moins enthousiaste dans le camp d’en face.
Pour varier un peu, et changer de la lecture de synthèse ou de la construction d’une carte mentale, on peut, au choix :
Idéalement, on vérifie la bonne compréhension avec un feedback immédiat, en faisant par exemple un tour de table où chacun cite une information qu’il a retenue, ou en demandant de créer un visuel reprenant les mots-clés, ou encore en interrogeant avec un quiz interactif, de type Kahoot.
Imaginons une phase de rappel sur l’accord des participes passés.
10h30. Les élèves sont en pleine évaluation. Ils doivent réaliser une tâche complexe ou un bilan de fin de chapitre. Il reste 10 minutes de cours quand soudain… Schtroumpf n°8 lève une petite main timide et assène d’une voix tremblotante : "Je n’ai pas compris ce qu’il fallait faire."
Au-delà de la réaction naturelle et immédiate, à savoir "Ben… pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ?", il est encore temps de réfléchir à une alternative adéquate : une différenciation.
Il est évident que cela sous-entend une souplesse certaine au niveau du timing, puisque l’élève qui passera par toutes les étapes aura besoin de plus de temps que celui qui aura appréhendé immédiatement l’objectif.
Personnellement, pour les travaux de ce type, je commence sur une heure de classe, ce qui me permet de répondre aux questions et d’être sûre qu’ils ont tous bien compris où ils devaient arriver, et je laisse quelques jours pour relire et/ou terminer à domicile ou en séance de remédiations quand c’est possible.
En fonction de l’objectif poursuivi, il est aussi possible de laisser aux élèves le choix de leur production. Cela permet à chacun de s’investir dans la tâche à la mesure de ses moyens et de sa créativité.
Imaginons la production écrite attendue à la fin d’un chapitre sur le texte informatif en 1ère année. Mon objectif est qu’ils présentent un animal menacé, à l’aide d’un support au choix.
Ils disposent de la liste des espèces menacées, dans laquelle ils choisissent un animal, et des catégories d’informations qui doivent figurer sur leur support (mode de vie, habitat, description physique, etc.).
Certains élèves vont réaliser un exposé, d’autres un diaporama, d’autres une carte mentale, voire une vidéo. Productions différenciées et objectif atteint !
J’ai très vite trouvé assez répétitive la méthodologie proposée dans les manuels pour la classe de français : une mise en situation pour découvrir ou rappeler la notion visée, une phase de synthèse et une batterie d’exercices avant d’évaluer l’acquisition de ce point de matière précis.
Si cela semblait répétitif pour moi, c’était encore plus lassant pour les élèves, d’autant plus que la série d’exercices était très souvent à terminer à domicile. Je vérifiais le lendemain que les exercices étaient réalisés (juste faits, pas toujours réussis… donc, pas toujours compris !) avant une correction commune assez rapide.
Mais, comme cette étape de mise en pratique reste nécessaire, j’ai cherché d’autres façons de faire. Je me suis tournée vers les ateliers autonomes et la méthodologie proposée par Juline Anquetin Rault (Classe autonome), adaptée à ma pédagogie et à l’âge de mes élèves.
J’ai aussi décidé d’assortir ces points de matière de séries d’exercices de remédiation et de dépassement, mises à disposition des élèves sans être obligatoires.
Ce que sont, selon moi, les ateliers autonomes :
Ce que ne sont pas les ateliers autonomes :
Mon école est entrée dans le projet 1:1, un élève : un ordinateur. Mes élèves de 2ème année ont donc l’opportunité de travailler sur un Winbook, et j’ai décidé de refondre tous mes chapitres pour les rendre “numérique-friendly”.
J’aurais pu me limiter à la diffusion des supports de cours sous format PDF… mais c’eût été beaucoup moins drôle ! Et surtout, cela m’aurait empêchée de saisir cette formidable occasion de différencier, encore plus, mon cours.
Ce faisant, j’ai découvert (et je remercie au passage ma comparse Mélanie Verdier, la CTP qui accompagne mon école dans le projet, pour toutes les pépites et astuces qu’elle partage) une multitude d’outils numériques qui sont autant de chemins différents pour amener les élèves vers mes objectifs.
Avant de partager quelques outils, une règle essentielle : quand on en gère un, on s’y tient. Le numérique évolue très rapidement et on se retrouve vite perdu devant la quantité de sites ou applications toujours plus intéressants les uns que les autres. Inutile de se compliquer la tâche, ainsi que celle des élèves, en testant un nouvel outil chaque semaine.
Sans oublier que se familiariser avec chacun devient vite extrêmement chronophage.On liste les outils qui nous sont familiers, on s’y forme, et on s’en contente.
La plupart sont entièrement gratuits, sont gratuits pour les profs après inscription, ou proposent une partie gratuite suffisante.
S’exercer :
Utiliser l’IA :
Créer et diffuser du contenu :
Évaluer :
La différenciation, c’est un passage obligé face à la réalité de nos classes aujourd’hui. Mais ça ne doit pas forcément rimer avec complication !
Coline Chapelle, professeure de français depuis 2010, référente numérique
Vous devez être connecté-e pour publier un commentaire.
Des outils concrets, des retours de pratique et des astuces pour améliorer ton quotidien de prof dans ta boîte mail.
Des outils concrets, des retours de pratique et des astuces pour améliorer ton quotidien de prof dans ta boîte mail.
Que souhaites tu savoir sur le pacte d'excellence ?
Des articles pratiques et concrets !
Un contenu sélectionné par des enseignants
Une aide dans le quotidien des enseignants
Des contenus adaptés à votre profil
À découvrir
À Propos
© 2025 Ecolhuma — Tous droits réservés