5 conseils pour faire des feedbacks efficaces dans le secondaire

Marie-Camille Coudert
9 janvier
5 mn

Ce qui demande souvent du temps pendant la correction, ce sont les annotations sur la copie. Souvent, elles nous demandent beaucoup de temps parce qu'elles servent à donner un feedback à l'élève. 

Puisqu'on se dit que c'est important de tout montrer à l'élève pour ne pas qu'il croit que c'est juste alors que ça ne l'est pas, on cherche l'exhaustivité. Pourtant, cela nous demande beaucoup de temps et ce n'est pas efficace.

L'efficacité d'un feedback selon la recherche

Si le feedback est l'un de nos outils les plus efficaces pour faire progresser nos élèves, pour être pertinents, la recherche nous dit que ces feedback doivent respecter une temporalité, être concis, projeter sur l'avenir, être explicites et préserver l'estime de soi de nos élèves.

1) La temporalité

Cela signifie également qu'il faut rendre les copies le plus vite possible. Pour ma part, je fais une interrogation sur une demi-heure, puis, pendant que les élèves sont en travail autonome, je la corrige. Et je rends l'interrogation à la fin de l'heure. Tout le monde y gagne, je n'ai pas de copie à la maison et la correction est donnée alors que l’évaluation est encore fraîche dans le cerveau des élèves.

2) La concision

Pour qu'un feedback soit efficace, il doit être ciblé. En effet, le cerveau de l'élève ne peut prendre en compte qu'un ou deux feedback. Si on en fait plus, on risque de le noyer sous l'information.

Plus l'élève a des difficultés, plus il y aura d'erreurs sur la copie, moins on va en relever. L'élève est déjà en surcharge tout le temps, il vaut donc mieux ne mettre en lumière qu'une seule erreur.

Pour la tête de classe, les copies auront moins d'erreurs ; on peut alors aller chercher deux ou trois erreurs ou axes d'amélioration, mais pas plus, sinon le cerveau ne peut pas les gérer.

3) La projection vers l'avenir

Pour qu'un feedback soit efficace, il doit être tourné vers le futur. Le but n'est pas de dire ce que l'élève a d'incorrect, mais de lui dire ce qu'il doit faire pour le rendre correct. Pour un problème de syntaxe, par exemple, un « mal dit » n'est pas efficace : il faut donner des outils grammaticaux pour changer la phrase. 

Le feedback ne doit pas obligatoirement être personnalisé, il doit surtout apporter un outil de modification. De mon côté, je regroupe mes élèves. Si j'en ai 4 ou 5 qui ont fait la même erreur, je leur donne la correction en même temps à l'oral, c'est beaucoup plus simple et rapide.

4) L'explicitation

Pour qu'un feedback soit efficace, il doit être le plus clair possible (cette idée va un peu de pair avec la précédente). Les remarques que l'élève ne peut pas appréhender simplement ne sont pas efficaces.

Nous pouvons facilement voir l'erreur, mais pas l'élève, et les remarques vagues ne lui montrent pas l'erreur. Cela ne sert à rien de pointer une erreur que l'élève ne voit pas, il faut lui donner explicitement un outil pour la changer.

Par exemple, les annotations « manque de rigueur » ou « problème de vocabulaire » ont un sens pour nous, mais pas pour l'élève. « Manque de rigueur » peut être traduit par « Ce x se transforme en y » en mathématiques, par exemple. « problème de vocabulaire » par « le mélange de registre de langue n'est pas justifié ». Il faut chercher un maximum de clarté dans les annotations.
N'hésitez pas à faire reformuler les élèves pour vérifier qu'ils ont bien compris.

5) La sauvegarde de l'estime de l'élève

Pour qu'un feedback soit efficace, l'élève ne doit pas se sentir attaqué dans son ego. S'il se dit qu'il est nul, il va se fermer et son cerveau ne sera plus disponible pour entendre le feedback. De mon côté, je mets en tête de copie ce que l'élève a réussi pour qu'il soit capable d'entendre les remarques suivantes.

Pour ne pas qu'il entende les annotations comme une punition, on peut dire clairement : « Je te mets ces commentaires parce que j'ai de grandes attentes pour toi et je sais que que tu peux y arriver ». Les commentaires négatifs deviennent positifs. Ils traduisent alors les grandes capacités de l'élève et son cerveau sera ainsi plus disponible pour faire les changements nécessaires.

 

Marie-Camille Coudert, professeure dans le secondaire

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